Le Balcon de Belledonne est le résultat du travail et des expérimentations des architectes Claude Costy et Pascal Hausermann qui, à partir de 1959, ont adopté des techniques de construction innovantes pour repenser les manières de construire et d'habiter.
Réalisé selon la technique du "voile de béton", ce complexe architectural construit en 1966 est composé de barres d'acier courbées et recouvertes d'un treillis métallique. Cette infrastructure est ensuite recouverte de béton, projeté ou appliqué à la main. Les formes organiques et sphériques ont permis d'économiser un tiers des matériaux par rapport aux constructions "carrées" plus traditionnelles. Au-delà, les formes maximisent les volumes intérieurs par rapport aux surfaces extérieures, et réduisent l'impact sur le terrain en limitant l'empreinte des fondations à quelques points d'appui.
Le Balcon de Belledonne a été imaginé comme un espace semi-public, conçu comme un restaurant végétarien mais utilisé en réalité comme un espace de bien-être et de loisirs. Il se compose d'un espace principal d'environ 70 m2 et de deux cellules connectées de 5 m2 chacune - la cuisine d'origine et la salle de bains. Au sud de l'espace principal, une annexe d'environ 25 m2 est constituée de deux espaces sphériques initialement conçus pour servir de sauna et de salle d'eau, mais l'intérieur n'a jamais été achevé. À l'est, un balcon et une piscine plongent leurs racines dans la roche et la pente du terrain.
1964 (environ) • Le premier propriétaire du Balcon de Belledonne achète 6 hectares de terrain près de Sainte-Marie-du-Mont (Isère, France), à 1200 m d'altitude, afin d'y construire un centre de bien-être.
Début 1966 • Il découvre les premières constructions des architectes Claude Costy et Pascal Hausermann dans le magazine Elle, et les contacte pour une visite du site dans l'espoir de leur passer commande. Les architectes dessinent rapidement les plans du Balcon de Belledonne (en avril 1966), le propriètaire-commanditaire laissant libre cours à leur créativité.
Printemps 1966 • Contre toute attente, le permis de construire est obtenu et la construction commence. Un maçon basé à Frangy (Haute-Savoie, France) dirige la construction, aidé par des ouvriers locaux. La route est dégagée, parfois à la dynamite. Les matériaux sont acheminés depuis le village à dos d'hommes, d'ânes ou par des véhicules agricoles. Certains éléments, comme les portes, sont fabriqués par un serrurier de Margencel (Haute-Savoie, France) et fibrés par Claude Costy dans le château de Minzier (Haute-Savoie, France), près du futur emplacement de la maison La Ruine.
Été 1966 • Le Balcon de Belledonne (surnommé "la baleine" par les habitants) est achevé à l'été 1966. Conçu et initialement dessiné comme un restaurant, il servira plutôt de centre de bien-être, accueillant des individus du monde entier pour des évènements et des retraites.
Hiver 1966 • Le couple Hausermann-Costy invite les artistes Vera Cardot et Pierre Joly au Balcon de Belledonne pour photographier leur chef-d'œuvre. Les photographies (aujourd'hui à la Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou, Paris) seront publiées dans L'Oeil (1967) et contribueront à la promotion du travail des architectes.
1972 (environ) • Le propriétaire initial déménage au Tibet et vend le Balcon de Belledonne et les terres associées à des investisseurs de Paris, qui ne parviendront pas à réaliser leur projet de ranch.
1980 (environ) - 1995 • Le Balcon de Belledonne et les terrains associés sont la propriété du maire du village de Sainte-Marie-du-Mont (38660) de l'époque. La structure architecturale est utilisée comme atelier de peinture en été et largement abandonnée le reste de l'année. Elle subit ses premières grandes transformations : le pont au-dessus de la piscine est détruit, des éléments sont découpés dans la cuisine d'origine, et la grande baie de fenêtres est entièrement refaite. La porte d'entrée d'origine est démontée et remplacée par une porte de mauvaise qualité. La route du village est également reconstruite pour améliorer l'accès.
1995-2007 • Un couple achète le Balcon de Belledonne et les terrains associés, et rénove une ancienne grange adjacente pour en faire leur maison familiale. Le Balcon, lui, n'est pas renové. Exposé aux éléments, il se détériore rapidement. Son importance et son état déclenchent l'attribution spontanée du label Patrimoine du XXe siècle (désormais Architecture Contemporaine Remarquable) par la Direction des Affaires Culturelles en 2003. En plus de la grange nouvellement rénovée, une autre maison est construite à proximité. Un projet de collaboration avec Pascal Hausermann (vivant alors en Inde) pour la construction d'un grand centre d'accueil sur les terrains voisins voit le jour, mais est finalement abandonné.
Août 2007-mai 2021 • Le couple divise le terrain, gardant la plupart des parcelles ainsi que les deux maisons nouvellement construites, mais vendant le Balcon de Belledonne à un nouveau propriétaire. Jusqu'en 2020, ce dernier entamera un processus de rénovation dans le but de rendre la maison habitable toute l'année. Les étapes comprennent la suppression du foyer de cuisson d'origine (2008) et l'enveloppement de toute la structure dans un revêtement en PVC pour empêcher les infiltrations d'eau (à partir de 2011).
Janvier 2021 • Alice Christophe et Scott Lawrimore, historiens de l'art et conservateurs, découvrent la maison sur le Bon Coin. Ils visitent le lieu pour la première fois sous 1 m de neige, mais ne se découragent pas. Ils commencent à planifier l'achat et la restauration du Balcon de Belledonne.
3 juin 2021 • Après des mois de recherche dans les archives de musées et de planification préliminaire, Alice et Scott reçoivent les clés du Balcon de Belledonne. La restauration du site commence dès le lendemain.
